Notre parcours de vie est parsemé de transitions. Des changements de situation, de statut, géographiques… Chacun de ces changements, induit une adaptation et soulève parfois des difficultés que l’on aurait aimé ne pas rencontrer.
Pour Schlossberg, tout évènement (absence ou présence) constitue une transition, c’est-à-dire une transformation du quotidien avec la mise en place de nouvelles formes de conduites. « Ainsi, tout évènement effectif ou manquant peut-il constituer une transition s’il induit un changement. Cependant, une transition n’est pas tant une question de changement que la perception que l’individu a de ces changements. A nos yeux, une transition ne peut être considérée comme telle que si la personne qui en fait l’expérience la considère ainsi » (Guichard et Huteau, 2001, p. 212). Pour qu’il y ait transition il faut qu’il y ait une notion affective et de perception. L’entrée à un nouveau poste constitue une transition puisque cela modifie le quotidien de bon nombre de personnes : changement de structure, de pairs, d’amis, de conditions et façons de travailler, prise d’autonomie, développement des compétences…
Pour Schlossberg il y a trois types de transitions : « anticipée » (c’est un évènement prévu comme le passage de fin d’études à l’emploi), « imprévue » (l’évènement n’était pas prévu et l’individu doit y faire face sans s’y être préparé comme un licenciement), et « non advenue » (encore plus imprévu et insurmontable pour l’individu, c’est un évènement qui peut bloquer son projet et d’autres évènements prévus comme ne pas être embauché dans l’entreprise visée).
Le modèle des 4S
Ce modèle met en relief des facteurs qui permettent à l’individu de se représenter ses capacités à faire face aux transitions : la situation, le soi, le soutien, les stratégies.
La situation renvoie à la motivation et au contrôle de la situation dans un contexte de transition (GIngras et Sylvain, 1998). Elle est en lien avec l’évènement qui cause la transition et avec les rôles sociaux de l’individu (qu’il a adopté et ceux qu’il doit adopter après l’évènement), la durée de l’évènement, les expériences de l’individu antérieures semblables, sa représentation de l’origine de l’évènement (Guichard et Huteau, 2001). Pour les étudiants, l’arrivée en première année à l’université peut être un grand changement de situation : changement d’établissement (université très grande par rapport au lycée), peu ou pas de communication avec le personnel de l’université (certains soulignent le manque de soutien et d’aide)…
Le soi renvoie aux caractéristiques psychologiques et sociales de la personne (Gingras et Sylvain, 1998). C’est-à-dire la manière dont se voit l’individu en général et par rapport aux autres, mais également son développement personnel, ses objectifs, son sentiment d’efficacité personnelle sur la situation et ses différentes sources d’influence (Guichard et Huteau, 2001). Certains professionnels ont des difficultés à se représenter leurs propres capacités et à savoir s’ils seront à la hauteur des missions confiées.
Le support renvoie aux soutiens qui pourraient aider la personne dans sa transition (Gingras et Sylvain, 1998). On peut relever trois types de support : la fonction (manière de soutenir : aide affective, affirmation de soi, encouragement/rétroaction, informations, conseils, contacts utiles, aide matérielle et pratique), la « pérennité » et le type (Guichard et Huteau, 2001). Les contacts sociaux ont toute leur importance dans une transition, notamment avec les pairs.
Les stratégies font référence au lien entre la personne et le contexte. Elles relèvent du contrôle de l’individu sur la situation c’est-à-dire la gestion de son stress et le contrôle de la signification du problème (Guichard et Huteau, 2001).
Selon ce modèle, la transition est inscrite dans une temporalité rythmée d’étapes de la préoccupation de l’évènement à l’intégration dans la vie. Chaque transition est unique, chacun y fait face à sa manière. Il peut s’agir d’évènements professionnels comme personnels, attendus ou extérieurs, l’accompagnement est parfois nécessaire pour poser les choses à plat et (re)trouver ses capacités d’adaptation.